L'avocat : l'inconnu de la TPE
Si l’avocat a su conquérir de nouveaux marchés ces dernières décennies, il demeure pour lui un véritable Far West : le secteur des très petites entreprises (TPE). Pourtant, depuis longtemps, la commission prospective de l’Ordre tire la sonnette d’alarme : l’interlocuteur régulier du chef d’entreprise pour ce qui est des questions juridiques est son expert comptable et non son avocat. Un rapport, commandé par le Conseil national des barreaux et le barreau de Paris, et mené à l’Ordre par Lucile Rambert et Gérard Bigle de la commission prospective « Etude sur les TPE : réaction à une offre de service », vient confirmer ce sévère diagnostic.
80 % des dirigeants de TPE qui font appel à un prestataire extérieur s’adressent à leur conseil financier pour les questions juridiques. Une contradiction ? Pas vraiment selon les textes, puisque l’article 59 de la loi du 31 décembre 1990 stipule que «les personnes exerçant une activité professionnelle réglementée peuvent, dans les limites autorisées par la réglementation qui leur est applicable, donner des consultations juridiques relevant de leur activité principale et rédiger des actes sous seing privé qui constituent l'accessoire direct de la prestation fournie». La nuance du caractère « accessoire » est celle dont usent et abusent les conseillers financiers pour grignoter le périmètre du droit cher aux avocats.
Pour première fois, les hommes en robe ont souhaité non seulement comprendre comment les experts-comptables avaient réussi là où ils avaient eux-mêmes échoué, mais aussi trouver les solutions pour rattraper leur retard. Car le besoin juridique existe bel et bien. Il est ressenti essentiellement lors de la création de l’entreprise (pour 60 % des personnes interrogées) mais aussi lors de son développement et de sa gestion au quotidien (pour 46 % des personnes interrogées). Problème : l’avocat, considéré comme compétent pour 87 % des sondés, continue de souffrir d’un déficit d’image. 72 % des sondés le trouvent trop cher, 46 % le trouvent trop peu transparent et, surtout, seules 49 % des personnes interrogées considèrent qu’il a une véritable utilité. En conséquence, pour seules 20 % des sondés, l’avocat est un interlocuteur naturel. Pour les autres, il est essentiellement associé au règlement d’un litige. « L’avocat existe dans l’univers TPE comme un plaideur, résume Pierre Chaufour membre du conseil de l’ordre en charge de la commission prospective. Il peut également être contacté par l’expert-comptable pour une question juridique très technique. En dehors de ces cas, son activité est inexistante auprès des TPE. Cette étude est là-dessus d’une clarté absolue ».
La commission travaille en ce moment à trouver des solutions pour résoudre ce déficit d’image, réduire les honoraires, et avant tout « trouver les moyens de se réapproprier cette clientèle », selon les termes de Pierre Chaufour. Quitte à aborder la question sous l’angle marketing. Des packs conseils tout compris par spécialité juridique et pour un prix modique, par exemple ? L’idée fait déjà grincer des dents. Pourtant, si personne n’agit, le Far West s’étendra encore…
Etude du Barreau de Paris : www.avocatparis.org
20 juillet 2007
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