Des spots télévisuels, des pages dans la presse écrite et des messages radio : les avocats lancent à partir du vendredi 19 novembre une vaste et inédite campagne de communication destinée à valoriser leur profession. Six millions d'euros seront investis sur la fin de l'année 2004 et l'année 2005, cofinancés par l'ordre des avocats du barreau de Paris et le Conseil national des barreaux (CNB), représentant les ordres de province, auxquels s'est associée la Conférence des bâtonniers.
Objectif de la campagne (confiée à l'agence Lowe Strateus) : changer l'image des 40 500 avocats français. « Il faut casser l'équation «avocat égale robe noire et procès», comme l'équation qui associe l'avocat à une profession libérale et donc à l'individualisme », explique le bâtonnier de Paris, Jean-Marie Burguburu, associé de l'un des plus gros cabinets français d'affaires, Gide Loyrette Nouel. « Le droit étant omniprésent dans notre société et notre vie quotidienne, nous devons faire découvrir la qualité de conseil de l'avocat, encore méconnue de nos concitoyens. » Malgré la fusion des professions de conseil juridique et d'avocat, il y a douze ans, « la profession demeure totalement assimilée au contentieux et à la partie de son activité qui est liée au service public de la justice », constate Michel Bénichou, président du CNB. « Il faut montrer que nous sommes aussi dans le marché. »
Car, parallèlement, deux professions ont su, au travers de campagnes similaires, rénover leur image au profit de leur rôle de conseil : les experts-comptables et les notaires. Sont ainsi visés par cette initiative les artisans et commerçants, « qui utilisent leur expert-comptable pour faire du droit », et les classes moyennes, qui, ne bénéficiant pas de l'aide juridictionnelle de l'Etat, recourent peu aux avocats. En pleine concurrence avec les Anglo-Saxons, l'enjeu est aussi, en rendant « plus visible le droit civil », d'afficher l'unité d'une profession disparate. Dans la plupart des barreaux, 20 % des avocats réalisent 80 % du chiffre d'affaires lié au contentieux.
Le bâtonnier de Paris affirme que la campagne n'intéresse pas seulement les gros cabinets et les avocats d'affaires. Me Burguburu prône cependant une meilleure structuration de la profession. « Sur les dix dernières années, les avocats individuels (plus de la moitié du barreau de Paris) ont perdu 15 % de leur revenu, tandis que les avocats groupés ont vu le leur progresser de 20 % : il faut favoriser la création de structures. » Sur les 18 000 avocats parisiens, un millier vivent dans une situation très difficile. « Il n'y a pas trop d'avocats, affirme cependant Me Burguburu. Mais il n'y en a pas assez dans toutes les branches du droit. »
Article paru dans Le Monde du 17 novembre 2004
31 décembre 2004
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