L’article 1er de la loi du 5 juillet 2000 relative à l’accueil et à l’habitat des gens du voyage dispose que "les communes participent à l’accueil des personnes dites gens du voyage dont l’habitat traditionnel est constitué de résidence mobiles " toutefois, on observe une distinction entre les communes de plus de 5000 habitants qui ont l’obligation de réaliser des aires d’accueil et les communes de moins de 5000 habitants qui sont seulement soumises au devoir jurisprudentiel d’accueil.
- Pour les communes de plus de 5000 habitants : l’obligation de réaliser une aire d’accueil
- Pour les communes de moins de 5000 habitants : un devoir jurisprudentiel d’accueil des gens du voyage
Il convient de souligner que la réalisation d’un équipement sommairement équipé dévolu à l’accueil des voyageurs, permet de renforcer la position de la commune en cas de stationnement illégal des résidences mobiles sur le domaine public. Le juge de l’expulsion et le préfet seront de fait plus favorables au recours à la force publique et à l’expulsion si la commune a respecté l’obligation jurisprudentielle d’accueil des gens du voyage en identifiant un terrain adapté à cet usage.
Les pouvoirs des maires en matière d’interdiction de stationner
Après satisfaction des besoins définis au schéma départemental, le maire de la commune d’accueil ainsi que de celles qui contribuent au financement d’une aire même si elles ne sont pas inscrites au schéma, a la possibilité d’interdire les stationnements spontanés (c’est-à-dire hors des aires aménagées) sur le territoire communal par la prise d’un arrêté.
A noter que les communes de moins de 5000 habitants qui ne disposent pas d’un terrain identifié pour accueillir les gens du voyage ne peuvent pas interdire le stationnement des caravanes sur l’ensemble de leur territoire.
Procédures applicables en cas d’occupation illicite d’un terrain par les gens du voyage
- Autoriser le stationnement des résidences mobiles
Le maire d’une commune peut autoriser le séjour des groupes familiaux des gens du voyage pour une durée déterminée. Cette autorisation/tolérance doit être formalisée par la signature d’une convention qui précise les dates d’arrivée et de départ, le nombre de caravanes autorisées et la participation financière des familles au frais de ramassage des ordures et à la fourniture d’eau (exemple : Convention type de mise à disposition d’un terrain pour une durée déterminée et tarifs appliqués en Bretagne)
- Déposer plainte pour installation illégale
- En cas de trouble à l’ordre public grave, demander l’évacuation des résidences mobiles au préfet
- Saisir le président du Tribunal de Grande Instance pour obtenir l’expulsion des résidences mobiles stationnées illégalement
Garder à l'esprit les droits fondamentaux :
Aux termes de l’article 14 de la Convention européenne des droits de l’homme (interdiction de la discrimination), la jouissance des droits et libertés reconnus dans la Convention sont assurés sans distinction aucune, fondée sur notamment sur le sexe, la race, la couleur, la langue, la religion, les opinions politiques ou toutes autres opinions, l’origine nationale ou sociale, l’appartenance à une minorité nationale, la fortune, la naissance ou toute autre situation.
Aux termes de l'article 1 du Protocole n˚ 12 (interdiction générale de la discrimination), la jouissance de tout droit prévu par la loi doit être assurée, sans discrimination aucune (Voir arrêt Sejdic et Finci c. Bosnie-Herzégovine, p. 5).
Les droits des Roms sont protégés par la Charte sociale européenne qui couvre 43 des 47 Etats membres du Conseil. Ces droits portent sur le logement, la santé, l'éducation, l'emploi, la protection sociale et juridique et la non-discrimination ; la couverture s'étend aux personnes en situation irrégulière au regard de l'emploi ou sans papiers, ce qui est le cas de nombreux Roms.
Les Roms bénéficient d'une protection aux termes de la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales, qui est juridiquement contraignante dans les 39 Etats membres du Conseil de l'Europe qui l'ont ratifiée.
Orsus contre
Croatie (2010) : la Cour énonce que « du fait de leur
histoire, les Roms constituent un type particulier de minorité défavorisée et
vulnérable. Ils ont dès lors besoin d'une protection spéciale… [Il convient]
d'accorder une attention spéciale à leurs besoins et à leur mode de vie
propre ».
Muñoz Díaz
contre Espagne (2009) : l'affaire est centrée sur
les droits à pension de réversion d'une veuve rom que les autorités ont refusé
de reconnaître sous prétexte que son mariage avait été célébré selon les
coutumes et traditions de la communauté rom.
DH et autres
contre République tchèque (2007) : des élèves d'origine
rom ont eu gain de cause compte tenu du fait qu'ils avaient été placés sans
justification dans des écoles spéciales destinées aux enfants atteints de
déficience intellectuelle et qu'ils ont, par conséquent, reçu une éducation
primaire de moindre qualité, les privant de la possibilité de poursuivre leurs
études au niveau secondaire ou professionnel.
Moldovan et
autres contre Roumanie (2005) : l'affaire concerne une agression dont furent victimes, en 1993,
les habitants d'un village dans lequel trois hommes roms furent tués et 13
maisons de Roms détruites.
Solutions dans le cas où une commune n’a pas réalisé son aire dans le délai de 2 ans?
Au-delà du délai de 2 ans, le préfet a la possibilité de se substituer à la commune ou à l’Etablissement public de coopération intercommunale (EPCI), pour réaliser et gérer l’aire d’accueil au nom et pour le compte de la commune. Il inscrit d’office au budget de la commune ou de l’EPCI, au titre des dépenses obligatoires, les dépenses occasionnées par la réalisation et la gestion de cette aire. Les subventions de l’État prévues pour sa réalisation ne sont pas, dans ce cas, accordées à la commune ou à l’EPCI.
Aller plus loin :
- Guide Accueil des gens de voyages : Ministère du logement
- Le Monde.fr : Pourquoi la loi n'est pas respectée
- FNASAT ( Fédération nationale des associations solidaires d'action avec les Tsiganes et les Gens du voyage): les documents législatifs et jurisprudence
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire